Communiqué de presse
TEMPÊTE CIARAN
Les acteurs publics et professionnels de la forêt pleinement mobilisés afin d’estimer les
dégâts et répondre aux propriétaires forestiers
Lors de la nuit du mercredi 1er au jeudi 2 novembre 2023, la tempête Ciaran a touché le Nord-Ouest du pays avec de nombreux records de vent battus en Bretagne. Ces rafales se sont concentrées sur le Finistère, de manière plus diffuse dans le Morbihan et les Côtes-d’Armor, et de façon plus atténuée en Ille-et-Vilaine. Elle a été suivie 3 jours après de la tempête Domingos, de moindre intensité, mais qui a continué à impacter les forêts déjà fragilisées. Sous l’impulsion du préfet de la région Bretagne, Philippe Gustin, la cellule forestière régionale s’est réunie le mercredi 15 novembre 2023 afin de partager le diagnostic des dégâts constatés dans les forêts et pour coordonner - à l’échelon régional - les premières actions à conduire.
Des vents violents à l’impact variable sur les massifs forestiers
Les premiers retours sont rassurants sur l’état général des massifs forestiers bretons au regard de la violence des vents constatés.
Des dégâts significatifs sont observés sur la presqu’ile de Crozon et les Monts d’Arrée, et au nord d’un axe Douarnenez (29) - Guingamp (22). Globalement, moins de 5 % des peuplements forestiers bretons ont été impactés. Cependant, certaines parcelles ont été ponctuellement très touchées (à plus de 50 %, notamment sur les massifs en hauteur ou en pente). les futaies résineuses récemment éclaircies depuis moins de 2 ans seraient les plus impactées avec de nombreux chablis et volis dans une moindre mesure. L'augmentation du risque de chablis à la suite d'une éclaircie commerciale est un phénomène bien connu. Les taillis de Châtaigniers ont particulièrement soufferts avec de nombreuses cépées renversées. La présence des feuilles et des fruits sur les arbres a certainement augmenté la prise au vent. De même, certains arbres présentant un état sanitaire dégradé (châtaigniers dépérissants ou fragilisés par des attaques parasitaires comme l’encre ou la collybie en fuseau) n’ont pas pu résister à des vents aussi forts comme leurs systèmes sanitaires étaient fortement dégradés.
Sur le reste de la Bretagne, les dégâts constatés sur la forêt sont diffus, avec quelques arbres cassés ou renversés qui ne remettent pas en cause l’avenir de la forêt en place. Des gros arbres de lisière sont touchés et ont joué leur rôle de protection.
Au moment où les quatre arrêtés préfectoraux départementaux réglementant l’accès aux massifs forestiers sont abrogés, le grand public est invité à rester vigilant sur les risques de chutes d’arbres et de branches cassées restées en suspension. Il est en outre invité à bien respecter les limites de chantiers forestiers en cours, liés à la présence d’entreprises qui travaillent à la sécurisation de chemins, équipements et accès en forêts.
Activation d’une cellule forestière régionale post-tempête
Après la gestion des urgences par les acteurs de la sécurité civile, une cellule forestière régionale post-tempête a été réunie par la direction régionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt avec le Conseil régional de Bretagne ce mercredi 15 novembre 2023. Les services départementaux de l’État, les établissements publics (Office national des forêts, Centre régional de la propriété forestière) et des représentants de l’interprofession et des propriétaires forestiers ont été invités à partager leurs premiers éléments d’évaluation des dégâts en forêt et en mesurer les conséquences pour orienter les prochaines actions à mener en commun.
Le diagnostic reste à poursuivre avec, dans les semaines à venir, et dès que les conditions météorologiques seront favorables, l’analyse d’images satellites et le survol en drone des secteurs plus impactés.
Orientations à l’usage des professionnels de la forêt et du bois
L'impact sur la filière bois doit encore être consolidé mais les bois à exploiter devraient pouvoir être mobilisés au niveau régional, avec une valorisation locale, ce qui peut faire escompter un impact économique limité.
Les conditions d’intervention en forêt méritent toutefois d’être précisées auprès des professionnels :
- Les bois couchés lors de la tempête gardent une valeur marchande. Les propriétaires ne doivent pas se précipiter dans leur exploitation. Les travaux doivent être réalisés par des entreprises déclarées et respectant la réglementation des chantiers forestiers les autorisant à travailler en forêt (assurance professionnelle des salariés, signalisation des chantiers) ;
- Une vigilance particulière doit être accordée à la protection des sols gorgés d’eau et très fragiles cet automne. C’est pourquoi, d’ici la fin de l’année, les dégagements des pistes forestières seront effectués en priorité. L’exploitation des arbres renversés (chablis) peut attendre quelques mois et un temps sec plus favorable. Pour les pins susceptibles de se dégrader plus rapidement, l’exploitation peut être envisagée préalablement aux autres essences. Celle des arbres sinistrés est à privilégier à celle des bois non touchés par la tempête.
Les propriétaires forestiers sont invités à se rapprocher de leur conseiller forestier pour établir un diagnostic post-tempête et solliciter les autorisations de coupes nécessaires en forêt.
Une synergie en cours sur les financements mobilisables
Dès à présent, le Conseil régional et les services de l’État analysent les dispositifs d’aide susceptibles de soutenir la remise en état de la desserte forestière, les travaux de nettoyage, semis et plantations à programmer dans les parcelles forestières.
Les propriétaires sinistrés seront informés des moyens d’accompagnement à leur disposition pour assurer la reconstitution des parcelles faisant l’objet de dégâts dans les prochaines semaines.
Recommandation à destination des propriétaires forestiers
Face à cette situation, le CRPF vous invite à ne pas réagir dans l’urgence et à respecter les principes suivants :
- Sécurité des interventions : l’exploitation et l’enlèvement des arbres chablis et encroués sont d’une grande dangerosité et source de très nombreux accidents. Ces interventions doivent être réalisées uniquement par des personnes aguerries, c’est à dire formées et expérimentées pour ce type de travaux et disposant d’un équipement adapté ;
- Il est fortement déconseillé de signer un contrat de vente dans la précipitation, sans réalisation d’un diagnostic préalable par votre gestionnaire ou un professionnel indépendant. Cela permet d’éviter les déconvenues dans la plupart des cas (prix, conditions et qualité d’exploitation).
Etapes à suivre :
- Libérer les routes et chemins d’accès afin de faciliter la circulation au sein des massifs (privilégier le recours à des professionnels qualifiés) ;
- Effectuer un diagnostic précis des parcelles touchées afin de déterminer l’itinéraire sylvicole à mettre en œuvre après exploitation. Faire appel à votre gestionnaire habituel. Le CRPF peut également vous accompagner dans cette démarche, contactez le technicien de votre secteur (https://bretagne-paysdelaloire.cnpf.fr/le-cnpf-et-la-foret-privee/votre-crpf/l-equipe-technique) ;
- Ne pas se précipiter pour l’exploitation des arbres touchés et respecter la réglementation (demande de coupe d’urgence…).
- Exploiter les bois et faire signer préalablement un contrat de vente (y.c. pour le bois de chauffage récolté par des particuliers). Le cas échéant, s’assurer que les exploitations sont réalisées dans de bonnes conditions (respect des sols, mise en place de cloisonnements d’exploitation, respect des consignes et des clauses du contrat).
Vous pouvez consulter le « Kit d’information à destination des propriétaires forestiers en Bretagne » (notamment les documents téléchargeables en bas de page) à l’adresse suivante : https://www.fiboisbretagne.fr/la-filiere/foret/kit-dinformation-proprietaires-forestiers-bretagne/